Bonsoir,
la réaction de Sophanie est très compréhensible, on ne peut être que révolté par le comportement des adultes qui abusent sexuellement d'enfants quand on sait les dégâts que génèrent ces abus dans la vie de ces enfants. Mais d'une part il faut faire la différence entre les délinquants pédo-sexuels qui abusent directement des enfants, et ceux qui consomment des images pédo-pornographiques, bien qu'ils soient aussi des délinquants puisque la détention et la consommation de ces images tombent sous le coup de la loi. D'autre part la réaction des pouvoirs publiques se doit d'aller au delà de la simple réaction épidermique, et de prendre en compte ce problème dans toute sa complexité afin de trouver les réponses adaptées pour une véritable prévention.
Il est important d'aider ces personnes à se sevrer de cette addiction avant qu'elle ne les pousse à aller plus loin. C'est ce que fait l'association l'Ange bleu avec les groupes de parole. Mais est-il normal que Latifa Bennari soit seule pour prendre en charge cette prévention à la place des pouvoirs publiques, dont les interventions ne se font qu'en aval des délits en appliquant les rigueurs de la loi, c'est à dire lorsque le mal est fait ? Il faut savoir que beaucoup des personnes qui souffrent de cette addiction coupable souhaitent être aidée à en sortir.
Quant aux personnes qui ont abusé un enfant, bien sûr la justice doit passer, mais la réaction de la société ne doit pas s'arrêter là : Qu'advient-il d'eux après leur sortie de prison ? Quelle prévention de la récidive est proposée par les pouvoirs publics ? Là encore, bien peu de choses, et ce sont des initiatives personnelles de personnes dévouées comme Latifa Bennari qui pallient à ce manque. Car l'Ange bleu accueille aussi des pédophiles qui sont passés à l'acte, afin de leur faire prendre conscience réellement de ce qu'ils ont fait en les confrontant à d'anciennes victimes qui viennent témoigner du traumatisme qu'ils ou elles ont subit. Ce n'est sans doute pas suffisant pour tous les profils de pédophiles, certains ne sont que des prédateurs insensibles auxquels ces groupes ne s'adressent d'ailleurs pas, mais pas tous. Certains peuvent être aidés de cette façon à ne pas récidiver. Je me dois de dire que j'ai participé moi-même à ces groupes de parole en tant qu'ancienne victime, pour que mon expérience douloureuse serve à éviter à des enfants de vivre ce que j'ai vécu.